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Auteur : Alexandra Balique, Diététicienne-nutritionniste
L’alimentation biologique s’est énormément développée depuis quelques années. De nombreux magasins spécialisés se sont développés, tout comme les rayons bio dans les grandes surfaces qui se sont largement agrandis. On pourrait se demander, est-ce un effet de mode, une stratégie de marketing !? Au travers de cet article nous allons voir s’il faut choisir le bio, si c’est meilleur pour la santé, les lieux où il vaut mieux faire ses courses et on verra également si c’est plus cher que le conventionnel et les aberrations. Après la lecture de cet article vous serez un consommateur avisé et vous pourrez faire vos choix en connaissance de cause. Bonne lecture !
La réglementation
Naissance de l’agriculture biologique
L’agriculture biologique a vu le jour en 1920. Ce n’est pas récent. Elle apparait en France dans les années 1950. Et c’est dans les années 70 que l’agriculture biologique connait un essor. C’est à ce moment là qu’un cahier des charges est rédigé pour apporter un cadre. C’est en 1980 que les pouvoirs publics reconnaissent cette agriculture. Et c’est en 1985, que cette agriculture est officiellement appelée « agriculture biologique » avec l’apparition du logo AB. En 1991, commence à se mettre en place une réglementation européenne afin de faciliter les échanges.
Depuis 2009, la réglementation encadrant l’agriculture biologique a été modifié et harmonisé au niveau européen. Avant cela il existait le logo AB français. La certification française était plus contraignante que la réglementation biologique européenne sur certains points. Le logo européen (eurofeuille) est obligatoire et le logo AB est facultatif. Mais 97% des français connaissance le logo AB donc il perdure.
On doit retrouver à côté du logo les informations suivantes : « Agriculture UE », « Agriculture non UE » ou “Agriculture UE/non UE”, avec la possibilité de mentionner le pays.
Il est possible de remplacer l’indication “UE” ou “non UE” par le nom d’un pays lorsqu’au moins 98% en poids des matières premières agricoles proviennent de celui-ci. Il y a également le numéro de code de l’organisme certificateur. Les autres logos comme « nature et progrès » peuvent venir compléter.
Source : agencebio.org
Respect de la nature et du bien-être animal
L’agriculture biologique respecte la nature et le bien-être animal. Pour être certifié bio, le produit doit être composé d’au moins 95% d’ingrédients issus de l’agriculture biologique. La réglementation européenne interdit l’utilisation d’OGM mais autorise des traces d’OGM jusqu’à 0,9% en cas de contamination par d’autres cultures.
Les contraintes du bio
- Pas de pesticides et de traitements chimiques.
- Variété des semences, rotation des cultures, utilisation de techniques mécaniques pour désherber par exemple.
- Les traitements médicamenteux sont limités et très strictes.
- Les animaux ont plus d’espace, une alimentation sans pesticide bio, leur bien-être est mieux respecté
- Pas d’utilisation de colorants, d’arômes chimique de synthèse, ni d’exhausteurs de goût.
- 50 additifs au lieu de 400 en conventionnel et ils sont d’origine agricole ou naturel.
- Pas d’enrichissement en vitamines, minéraux, antioxydants… sauf exigé par la loi dans certains produits comme les petits pots pour bébé.
- Pas de traitement ionisant des aliments (exposition des aliments à des rayonnements afin de réduire la présence de micro-organisme mais ce qui réduit la présence des vitamines, nutriments). Vous avez peut-être déjà remarqué une différence de couleur entre un abricot sec bio et non bio. Les abricots secs qui deviennent orange quand ils sont ionisés mais ils sont bruns quand ils sèchent naturellement.
Une grande variété
On peut acheter des fruits et légumes bio. Mais pas seulement. On trouve toutes sortes de légumineuses, de graines, de céréales et produits dérivés comme des farines.
Très souvent des variétés anciennes sont réintroduites permettant d’étayer l’offre et de varier davantage notre alimentation. Et ça, c’est bon pour la santé !
Les autres labels
D’autres labels ont vu le jour pour faire face au label européen ou existaient même avant. En effet, certains producteurs ont fait le choix d’une agriculture plus contraignante donc plus respectueuse (bio cohérence, nature et progrès, Demeter…).
Certains de ces logos exigent du sans OGM, l’alimentation des animaux produits sur la ferme à 50% voire 80%, 100% d’ingrédients bio dans les produits transformés, pas d’écornage des vaches, ni de coupe de bec des volailles, plus de liberté pour les animaux, éloignement des parcelles de zones polluantes, densité d’élevage limité, pas d’utilisation d’huile de palme dans les produits finaux, meilleure rémunération des producteurs, meilleures conditions de travail.
Ils existent différents organismes certificateurs comme Ecocert, Agrocert, Certipaq, Qualité France, SGS-ICS, Certisud… Sur les emballages, FR-BIO-01 correspond à Ecocert France.
Source : agencebio.org
Les logos
Les produits certifiés bio doivent comporter le logo bio européen avec l’eurofeuille qui est obligatoire et le logo AB « agriculture biologique » peut également être présent.
Ils existent d’autres labels qui peuvent avoir un cahier charge encore plus contraignant. Parmi eux, il y a « nature et progrès », « Demeter », « Bio cohérence », « Ensemble solidaire » (créé par Biocoop), « label bio équitable et solidaire » … Sur les emballages vous trouverez le logo AB, le logo bio européen et si vous avez en plus l’un de ces logos, vous aurez donc un produit qui a une qualité supérieure.
Source : agencebio.org
Contamination entre champs
Beaucoup se demandent comment on peut faire du bio à côté d’un champ conventionnel utilisant des pesticides et produits chimiques… Pour éviter une possible contamination, des distances sont prises entre les champs, des haies sont installées… Les aliments ainsi produits sont très contrôlés afin de vérifier la non contamination. Et si c’était le cas, ils ne seraient pas vendus en tant que produits bio.
Il peut tout de même subsister des traces liées au fait qu’il n’y a pas encore assez de champs bio et que les sols et l’eau contiennent encore beaucoup de polluants. Avec le développement des surfaces bio, cela va tendre à diminuer mais il y en a encore pour des années.
Selon la DGCCRF (la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), plus de 95% des produits bio contrôlés ne contiennent pas de résidus de pesticides.
Il faut savoir qu’une denrée qui ne respecte pas la réglementation ne sera pas commercialisé en tant que produits bio si les limites sont dépassées.
Le bio a-t-il plus de goût ?
Je dirais oui et non. Cela va dépendre des aliments. Si les fruits et légumes sont cueillis à maturité ils auront plus de saveur. Et cela est vrai en bio comme en conventionnel. De plus, les fruits et légumes bio sont le plus souvent cultivés en plein champ donc ils profitent du soleil et d’un sol où ils peuvent puiser un maximum de nutriments et d’éléments favorables. En effet, en conventionnel, il y a de plus en plus de culture hors-sol.
En bio, d’une manière générale, la terre est plus riche ce qui aura un impact sur l’aliment produit en termes de saveur et d’apports nutritionnels.
Est-ce plus sain de manger bio ?
Les aliments bio contiendraient plus de vitamines, plus de minéraux et plus de molécules antioxydantes. En effet, des études ont été menées et ont mis en avant une teneur supérieure en polyphénols (antioxydant) dans les fruits et légumes, plus d’oméga 3 (acide gras indispensable) dans le lait car les vaches consomment essentiellement de l’herbe.
Du fait de la réglementation imposée aux aliments bio, ils contiennent moins de pesticides, moins d’additifs et moins d’additifs controversés. Manger bio, c’est éviter les OGM.
C’est plus sain de manger bio mais à condition de favoriser la consommation de produits bruts. Attention aux aliments ultra-transformés même en bio !! Ils peuvent également être trop sucrés et trop gras donc délétères pour la santé même bio. Il y a tout de même 50 additifs autorisés dans les produits transformés bio et on retrouve également des ingrédients déstructurés ensuite reconstitués (sucre inverti, protéine de soja…).
Est-ce plus cher de manger bio ?
Cela va dépendre des aliments et du lieu où vous l’achetez. En fonction du type d’aliments que vous achetez, sa production aura nécessité plus de main d’œuvre qu’en conventionnel et les rendements peuvent être plus faibles justifiant un tarif un peu plus élevé que le conventionnel.
Il faut faire également attention aux grandes marques qui en profitent pour gonfler les prix. Et ce n’est pas parce que c’est en grande surface que c’est moins cher qu’un achat dans un magasin bio spécialisé.
Pour éviter des surcoûts, le mieux étant d’acheter des produits bruts, de saison et si possible achetés localement en circuit court.
Il est tout à fait possible de trouver des produits bio moins cher qu’en conventionnel.
Où faire ses courses ?
A partir du moment où vous achetez un produit bio qui comporte l’eurofeuille (logo européen), qu’ils soient achetés en magasins spécialisés ou en grande surface, celui-ci respecte la réglementation.
Mais, quand on mange du bio c’est une démarche globale et il faut arriver à différencier ceux qui font du bio par conviction et ceux qui font du bio pour se faire de l’argent en surfant sur un effet de mode. Ces derniers ne sont pas toujours de très bonne qualité. En bio, on peut trouver des produits ultra-transformés, très gras, très sucrés.
Vous pouvez également aller sur des marchés bio où vous trouverez des producteurs locaux. Il est de plus en plus possible d’aller directement chez les producteurs, les maraîchers.
Des fruits et légumes moches
En agriculture biologique, les fruits et légumes n’ont pas une taille et une forme standardisées. Ceci peut être parfois déroutant quand on n’est pas habitué. L’agriculture conventionnelle à force de trop standardisé nous avons pris de mauvaises habitudes. Ce n’est pas parce que notre carotte est tordue qu’elle n’en est pas moins savoureuse.
Importation de produits bio
Tous les produits bio importés dans l’Union Européenne doivent satisfaire la réglementation imposée en Europe.
Par exemple, l’organisme Ecocert est présent dans de nombreux pays afin de vérifier la bonne application de la réglementation.
Source : agencebio.org
Un acte pour la planète
L’agriculture biologique préserve mieux les ressources de la planète, la biodiversité, l’eau, évite de tuer de nombreux insectes et animaux. Elles évitent de tuer les abeilles indispensables à nos cultures.
Consommer du bio, c’est aller au-delà de sa santé, c’est une démarche qui est globale, pour soi et également pour la planète. Et c’est sans compter la santé des agriculteurs. Ainsi ils ne sont pas exposés aux pesticides. De plus, l’agriculture biologique, en fonction des cultures, peut demander plus de main d’œuvre. Donc cela favorise l’emploi. Les agriculteurs convertis en bio sont le plus souvent préoccupés par la qualité des denrées qu’ils produisent, d’autant plus si ce sont des petits agriculteurs.
Source : agencebio.org
Et vous ? Consommez-vous des produits bio ? Faites-nous part de vos remarques, questions, doutes en commentaire, et nous nous ferons un plaisir d’y répondre et de vous aider. Nous sommes aussi disponibles via le formulaire de contact.
A bientôt pour un nouvel article !
Source :
- mangerbouger.fr
- anses.fr
- https://agriculture.gouv.fr/logo-ab
- https://www.agencebio.org/
- Agriculture Biologique, https://www.inao.gouv.fr/Les-signes-officiels-de-la-qualite-et-de-l-origine-SIQO/Agriculture-Biologique
- Agriculture biologique, Policy, rules, organic certifications, support and criteria for organic farminghttps://ec.europa.eu/info/food-farming-fisheries/farming/organic-farming_fr
- Communique de presse de l’université de Newcastle, 2014, https://research.ncl.ac.uk/nefg/QOF/crops/page.php?LAN=FR
Image : source Pixabay